Évolution du milieu, qu’est devenu le Rhône nourricier ?
Les aménagements successifs du Rhône au XIXème et XXème siècle ont bouleversé l’écosystème fluvial, modifiant la géomorphologie et l’hydrologie du fleuve, fragmentant son cours, asséchant ses lônes.
La qualité de l’eau et les milieux aquatiques ont été fortement dégradés par la pression démographique, l’agriculture intensive et l’industrialisation.
Le dérèglement climatique a également un impact sur le débit du fleuve, la température de l’eau et la biodiversité.
Évolution des espèces
Jusqu’au XXème siècle, au moins 60 espèces de poissons étaient dénombrées sur le Rhône français en incluant le delta. La réduction de la vitesse et de la force du courant ainsi que les pollutions ont contribué à décimer certaines espèces comme la truite, l’ombre, la lotte, le brochet, le vairon, le goujon, la loche. L’esturgeon a disparu et l’apron, poisson endémique du Rhône, fait l’objet d’un plan national d’actions reconduit jusqu’en 2030.
Les poissons grand migrateurs du Rhône, dont l’anguille, l’alose et la lamproie, sont suivis par un plan de gestion dédié (PLAGEPOMI : Plan de Gestion des poissons migrateurs) visant la préservation.
La pêche professionnelle, un métier strictement réglementé
Aujourd’hui, les droits de pêche et de commercialisation sont délivrés sous condition notamment d’un projet d’entreprise pluriannuel et la preuve de qualités requises pour le métier. Il est d’ailleurs recommandé de suivre une formation dans un établissement agricole spécialisé.
Un bail de pêche est délivré, qui ne peut être cumulé avec la licence de pêche amateur.
Le pêcheur professionnel est la seule catégorie de pêcheur autorisée à commercialiser son poisson.
Des conditions encadrées
Les conditions particulières d’exploitation sont fixées par département dans un cahier des charges révisé tous les cinq ans. Ce document précise, pour chaque catégorie de pêcheur et pour chaque lot du domaine public fluvial, les modalités d’exploitation et d’exercice de la pêche, notamment les engins autorisés, leurs dimensions et leur nombre par lot.
Par exemple, la pêche aux engins est interdite sur les vieux Rhône sur une distance de 800 mètres à l’aval des barrages, pour des raisons de sécurité.
Le montant des locations de droit de pêche est défini en fonction du linéaire de chaque lot, et du théorique potentiel piscicole.
Le linéaire des lots sur le domaine public fluvial varie entre 2 et 10 km, pour une location annuelle de 120 € ( lot d’environ 1km) à 1 000 €.
Évolution des engins de pêche
Épervier, carrelet, araignée, senne, verveux, nasse, ligne de fond, ligne montée sur canne… Utilisés par les pêcheurs professionnels sur le bassin Rhône-Saône-Méditerranée, les techniques et les engins de pêche ont évolué avec la modification des milieux fluviaux et l’action réglementaire : certaines pratiques ont disparu, d’autres se sont maintenues, de nouvelles sont apparues.
Certains filets employés pour la pêche à la friture comme l’épervier (filet conique), le carrelet ou carré, la senne (filet non maillant) ont été abandonnés en pratique par les pêcheurs professionnels.
Utilisation sélective, adaptée et réglementé des engins de pêche
Selon l’espèce pêchée, différents engins sont utilisés.
Chaque matériel utilisé est adapté en fonction des milieux et de la ressource piscicole. Les engins utilisés sont très sélectifs : un filet maillant en maille de 70 millimètres peut par exemple être utilisé pour capturer des barbeaux (souvent le cas sur le Rhône) lorsqu’il est employé en zone profonde et courante, alors qu’il servira sur la Saône dans des fosses pour cibler le sandre.